mercredi 9 juillet 2014

Message à M. Gattaz

Et il lui répondit alors, de ces mots : "Permettez-moi de vous expliquer, Monsieur Gattaz, les raisons de mon hostilité à votre égard & à celui du MEDEF. Votre syndicat, et plus particulièrement vous ainsi que vos prédécesseurs, ne représentez pas la majorité des entrepreneurs, vous ne représentez pas les 98% de petites et moyennes entreprises qui innovent et modernisent la France. Vous êtes de ces grands timoniers, gouvernant leurs paquebots à vue, ignorant les brèches dans la coque et la gronde qui remonte des machines ; lorsque le navire sombrera, vous serez des premiers dans les chaloupes - en bon robber baron. 
Il se tut, laissant un silence dans la Salle des Fêtes de l'Elysée, et reprit : "Cette conférence sociale qui s'est ouverte était l'ultime occasion d'agir communément pour éviter le naufrage. Mais hélas, vos positions si dures ont conduit à l'échec. Vous dénoncez le corporatisme des syndicats ouvriers ? Vous êtes le dernier héritier d'une aristocratie. Vous dénoncez l'étranglement et le matraquage fiscal des entreprises, freins à l'investissement ? Vous augmentez les dividendes versées par votre entreprise et êtes soupçonné d'optimisation fiscale. Vous décriez ces cheminots qui usent du dernier droit que vous leur avez laissé pour défendre, bien plus que leur emploi, leur vision du service public ? Cessez-alors de faire chanter le gouvernement comme ce fut le cas sur le pacte de responsabilité. 
Il marqua une pause : "Permettez moi de douter, Monsieur Gattaz, que les patrons des 98% sont satisfaits des efforts que vous consentez pour abattre les quelques vestiges de la Sociale - si encore a-t-elle existé, pensait-il - ; détruire les droits des salariés ne rend pas ceux-ci plus productifs, et ne résorbera pas le chômage. Alors que la France a besoin d'un consensus, vous vous employez à le miner, et par votre détermination à ne pas céder un seul droit aux salariés vous rouvrez violemment la plaie de la lutte des classes. Or, il est un devoir pour une République dont la devise mentionne l'égalité de rénover une justice sociale, et [...].

Sursaut, 5:38. Se prendre à rêver d'un gouvernement socialiste. 


mardi 25 mars 2014

La Chute

Ces derniers jours on m'a dit que l'extrême-droite est désormais non seulement implantée nationalement mais aussi localement en France. Il paraît que certains des candidats du Rassemblement Bleu Marine ont été élus au premier tour aux élections municipales. Alors, on dit que le gouvernement a appelé au "Front Républicain", doux subterfuge pour que nos consciences respirent ! Mais on devine que la Droite, cynique et trop intéressée par ses intérêts, n'accepte pas, et préfère un "Ni-Ni" bien moins contraignant. Après, les hommes politiques ont débattu longuement à la télé pour nous expliquer que le Front National était méchant, et que ils n'étaient pas en faveur de la "Démocratie". Mais si tous étaient d'accords pour dire que voter le Front National c'était pas bien, ils étaient pas d'accord quant à la raison du retour des vilains. D'abord y'a ceux qui disent que c'est l’abstention, où plutôt ces idiots qui ne vont pas voter (et j'ai pas voté moi ?) et puis après ils disent que le gouvernement ne fait pas une bonne politique. Mais le gouvernement surtout, trop fier ou trop aveugle pour changer de politique, accuse l'opposition de faire le jeu du Front National, et ...

Si j'ai choisi d'entamer mon billet par ce texte écrit dans ce style enfantin, c'est par exaspération. J'ose croire que tous nos proches responsables politiques ont compris les enjeux de ces élections municipales, et qu'ils revoient leur stratégie. Si le manque de clairvoyance du gouvernement sur les attentes des Français n'est pas nouvelle, pas plus que cette habitude de rejeter la faute sur la politique du gouvernement actuel ou précédent qui n'est, au mieux, un manque de responsabilité, au pire, un désastre. 
Car nous sommes lassés de ces émissions télévisées où ces fat cats se renvoient leurs discours bien pensant sur la République. Nous sommes fatigués de cette politique économique un mandat teintée bleue, l'autre rose. Nous sommes déçus par ces politiques qui, pour la plupart de ceux formés professionnellement, n'ont jamais rien partagé avec leurs concitoyens ? Comment pouvons-nous voter pour des gens qui ne nous comprennent pas ? Comment pouvons-nous accepter que ces hommes formatés dans ces écoles de politique pensent à notre place ? 



Alors, comprenons-nous ces 36,75% d'abstention ? Comprenons-nous pourquoi ces villes qui votent en masse Front National ? Pourquoi je fais parti de ces 60% de jeunes qui n'ont pas voté ?
Je comprends mes camarades qui votent Rassemblement Bleu Marine, ils n'en peuvent plus et devant tant d'incompréhension de la part de l'ensemble de la classe politique, ils s'en remettent à ceux qui les font rêver d'une France épanouie : car même s'il est à contre-courant des réalités de la mondialisation en proposant encore le mythe de la cité parfaite, le Front National tire parti de notre absence sur le terrain des idées, et est le seul parti capable de proposer une vision globale et collective de la France.

Alors que faire ? Ne pas écouter nos cris, nos envies de politique ? S'en remettre au mythe du Front Républicain, où plutôt à son imaginaire collectif depuis son décès dans les années 1980, et ne pas écouter ces millions de Français ? Si ces camarades veulent et votent le Front, avons nous le droit de leur confisquer leur vote ? C'est presque un déni de démocratie, pour un peu sécurité dis-t-on et surtout pour sauver sa conscience. 

Si nous sommes pour la plupart en désaccord avec le Front National, pourtant, nous avons vu que notre stratégie de dénonciation était un désastre, et vous voulez signer et persister ? Frustrer les électeurs Front National, persuadé d'être victime de l'UMPS qui l'empêche coûte que coûte d'imposer les triomphantes idées frontistes ?
Les électeurs se rendront bien compte de ce qu'est le Front National gestionnaire d'une mairie (rappelez-vous, les années 1990...). Plutôt que de "contrer" le Front National, nous devons le discréditer et le concurrencer. Investissons à nouveau sur le terrain des idées, reprenons nos idéaux et nos projets et opposons à la vision démagogique d'une France épurée du Front National une vision concrète, sociale et humaine de notre pays.