lundi 16 septembre 2013

Ne lançons pas une guerre dans l'espoir d'en finir une autre

La situation syrienne est catastrophique. Sur le plan humain, tout d'abord : plus de cent mille morts, près d'un million de réfugiés accueillis tant bien que mal dans des camps surpeuplés en Jordanie. Les combats, en zone urbaine principalement, sont d'une violence rare : bombardements aériens, mortiers et artillerie détruisent sans discernement habitations civils et cible "militaires" Les civils, piégés au milieu de ce charnier, sont évidemment les principales victimes. Sur le plan diplomatique, la gestion de la crise syrienne est l'illustration même de l'impuissance de l'ONU, soumis aux égoïsmes des puissances du conseil de sécurité.

L'emploi d'armes chimiques par les belligérants -et vraisemblablement par les forces loyalistes à Bachar-El-Assad- a forcé les puissances occidentales à réagir. Il y a un an environ, le président Obama avait déclaré que l'emploi d'armes chimiques constituerait un franchissement de la "ligne rouge" et entrainerait une réaction occidentale. 
Rappelons d'abord que, même si il serait vraisemblable que les forces loyalistes soient à l'origine de ces attaques (et particulièrement de cette attaque chimique particulièrement meurtrière dans la banlieue de Damas), le rapport officiel de l'ONU n'est pas encore publié et ni le gouvernement américain ni le gouvernement français n'ont publié des preuves convaincantes incriminant M. Assad.



Ensuite, même si attaque chimique il y a eu, rien n'autorise, sur le plan juridique, les États-Unis et leurs alliés à utiliser la force pour "punir" -le choix de ce mot est par ailleurs révélateur de la position des forces occidentales : on punit M. Assad qui n'a pas respecté les traités, et on ne l'attaque pas.- En effet, la seule manière légale d'utiliser la force est de recevoir une autorisation du conseil de sécurité des Nations-Unies (CSNU) ou d'être en situation de légitime défense. Or, jusqu'alors, le CSNU est bloqué par un véto russe et, bien que M. Obama ait essayé de légitimer son intervention en arguant que l'utilisation d'armes chimiques menaçait les États-Unis, le territoire américain n'a pas été attaqué : il n'y a pas de légitime défense possible.

Ainsi, quoi qu'il arrive, une intervention occidentale en Syrie serait illégale. Sachant cela, l'administration américaine essaie de légitimer son intervention en employant une rhétorique précise : on parle de punir un acte immoral, d'arrêter un bain de sang, de finir cette guerre qui a déjà trop duré. A défaut d'être légale, on essaie de faire passer l'intervention comme légitime. On invoque le devoir de protéger les populations locales (Responsability to protect R2P), d'éviter que les armes chimiques ne tombent entre de mauvaises mains, etc. De plus, pour un homme politique, et particulièrement quand les conséquences sont faibles, il vaut mieux privilégier la légitimité d'une action plutôt que sa légalité. 

Seulement, les conséquences ne seraient pas faibles. D'abord parce qu'on ne peut pas prédire l'issue d'une guerre. Même si, vue les forces en présence, les forces conventionnelles du régime syrien (blindés, aviations) seraient balayés par les forces américaines,  on ne peut affirmer avec certitude que les frappes suffiraient à casser les reins d'un régime solidement ancré parmi la population -rappelons que la majorité des effectifs de l'armée syrienne sont sunnites- On ne peut pas non plus dire avec certitude qu'une intervention suffirait à détruire toutes les armes chimiques. On ne tout simplement pas prévoir l'issue d'une guerre. Et par précaution, notamment avec la stabilité plus que précaire de la région, il faut éviter de se lancer dans une opération militaire. 

En effet, une intervention risquerait de déstabiliser encore plus une région déjà à feu et à sang. Voyons plutôt les conséquences de l'intervention libyenne menée avec "brio" par les forces occidentales : les armes du régimes libyens se sont écoulées au Sahel et ont servi à armer les rebelles touaregs mais aussi les combattants du MUJAO ou de Ançar-Ed Dine. Ces groupes qui ont mené la rébellion au Mali. En Syrie, l'arsenal de l'armée régulière est incomparable avec celui de Libye : l'armée de terre compte plusieurs milliers de blindés, et les armes lourdes (lance-roquette, lance missiles légers) ont déjà commencé à s'évaporer avec les prises de bases par les rebelles ou avec les désertions. Une intervention accentuerait cette "hémorragie des armes". Ces armes se retrouveraient ensuite au Liban, en Irak ou en Turquie. Or, vu la situation de ces trois pays, les conséquences seraient désastreuses :
  • Au Liban d'abord, les souvenirs tragiques de la guerre civile de plus de dix ans sont encore dans les mémoires. Le petit pays est secoué depuis quelques semaines par des attentats à la bombe entre le Hezbollah (chiite, soutien de Bachar Al Assad) et un groupuscule sunnite pro-rebelles. On peut imaginer les conséquences d'une arrivée massive d'armes dans ce pays. Une recrudescence des violences entre les deux groupes citées précédemment, sans parler des forces libanaises et des forces israéliennes, qui ne resteront pas spectateurs d'une reprise des violences. D'autant que le Hezbollah, renforcé par de nouvelles armes, pourrait choisir une reprise des affrontements avec Israël.
  • En Irak, l'année 2013 est la plus meurtrière depuis le retrait des forces américaines. Des attentats visant les minorités chiites se multiplient dans le pays et l'incapacité des forces gouvernementales à prévenir les attentats accroît les tensions entre les communautés. Au Nord, même si les Kurdes ont été associés au processus de paix irakien, ils restent un élément déstabilisateur du pays. De même qu'au Liban, une arrivée brutale d'armes en provenance de Syrie pourrait avoir un impact dramatique et entraîner une nouvelle flambée de violence, qui menacerait la survie même du régime.
  • La Jordanie, qui est en première ligne pour gérer les milliers de réfugiés qui fuient chaque jour les horreurs des combats, devra aussi encaisser le choc de nouveau réfugiés, fuyant une aggravation des combats, mais aussi les risques que des combattants rebelles établissent à l'intérieur des camps de réfugiés des recrutements. 
  • Enfin, en Turquie, où le gouvernement est en position de faiblesse face à l'armée d'une part -comme en témoigne le procès médiatique des généraux à la base d'un coup d'état avorté- et face à la population d'une autre part -les manifestations de cet été sont encore dans les esprits- mais aussi par rapport au PKK (Parti des Travailleurs Kurdes) qui, malgré une trêve négociée avec l’État, reste influent. 
Au delà des risques pour la région, une intervention ne changerait en rien la vision qu'ont les rebelles de l'Occident et de sa manière de gérer la situation. L'argument souvent entendu qui consiste à dire qu'une intervention permettrait d'éviter une radicalisation des éléments rebelles est déplacé, dans la mesure ou le mal est déjà fait. Aujourd'hui, la composition des forces rebelles révèle que les éléments les plus actifs sont des unités islamistes, n'appartenant pas à l'Armée Syrienne Libre (ASL). Par exemple, on peut citer le Front Al-Nosra, djihadiste, soutenu (entendez financé et armé) par l'Arabie Saoudite et le Qatar. Or, ce front s'est déjà "illustré" dans le conflit pour avoir commis des actes de barbarie : exécutions de prisonniers, cannibalisme ("célèbre" vidéo d'un commandant d'une brigade d'Al Nosra mordant dans le coeur d'un soldat mort.)
De plus, une intervention destinée à soutenir l'opposition supposerait que celle-ci soit coordonnée. Or, si l'ASL dispose d'un embryon d'organisation, elle ne regroupe pas d'ensemble de l'opposition, et surtout, son chef actuel, Selim Idriss, a du mal à s'imposer dans son propre camp.

Avant d'examiner les issues de cette crise, il est utile de revenir sur les raisons qu'ont chaque pays à soutenir ou bloquer une intervention en Syrie. 
  • Pour les États-Unis, et de manière plus large, la France et le Royaume-Uni, il s'agit avant tout d'une question de crédibilité. La ligne rouge a été franchie ce qui force les États-Unis à leur responsabilité. Sauf que si l'on regarde plus en profondeur, les Américains n'ont aucun intérêt à intervenir en Syrie : une intervention déstabiliserait la région, amoindrirait l'image américaine, et donnerait à la Russie une occasion d'armer l'Iran avec ses derniers systèmes antiaériens S-400, qui sont une vraie menace pour les aviations occidentales. Mais si les Américains n'interviennent pas, leur crédibilité serait amoindrie, et au delà de la Syrie, ceci ferait l'affaire de l'Iran : "si les Américains n'osent pas attaquer la Syrie, ils ne nous attaqueront certainement pas, donc nous pouvons développer nos armements nucléaires." tel pourrait être le raisonnement de l'Iran. D'autant que Israël ne lancera aucune opération seul contre l'Iran. Ne pas intervenir serait un signe de faiblesse des États-Unis.
  • En ce qui concerne la Russie, beaucoup de commentateurs justifient sa position par ses intérêts en Syrie : la base militaire de Tartous, un gros client, etc. En fait, ces raisons, si elles ne sont pas fausses, ne sont pas les principales raisons du blocage russe. En effet, la base navale de Tartous est une petite base de maintien en condition opérationnelle, qui n'a aucun intérêt stratégique. Ensuite, la Syrie n'est plus le gros client qu'elle était dans les années 1980-1990. D'autant que la guerre lui coûte cher et qu'elle n'est même plus en mesure de payer les achats faits aux Russes.
    La vraie raison du blocage russe est, au delà de la simple loyauté russe vis à vis de son allié, d'éviter l'établissement d'un foyer djihadiste à 1000 km à vol d'oiseau du Caucase -et particulièrement du Daghestan et de la Tchétchénie, deux régions instables de la Russie.- N'oublions pas que la Russie accueille en 2014 les J.O. d'hiver à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, et non-loin du Caucase.
MM. Kerry et Lavrov à l'issue des négociations

Dans tous les cas, le spectre d'une intervention semble s'éloigner : les Etats-Unis et la Russie ont conclu vendredi, trois jours avant la publication du rapport de l'ONU sur l'utilisation des armes chimiques,  un accord qui prévoit la mise sous tutelle internationale du stock d'armes chimiques syriens afin de le détruire. Issu d'une -surprenante- initiative russe alors que le Congrès américain avait entamé les discussions pour une intervention en Syrie, cette initiative a complètement changé la donne :
  • D'une part : il offre une porte de sortie honorable aux dirigeants occidentaux : les armes chimiques -qui justifiaient l'intervention- seront détruites : on peut évacuer l'idée cette intervention, compliquée et coûteuse, que personne n'avait envie de mener.
  • Ceci est une aubaine pour M. Assad et le régime syrien : il n'aura pas à essuyer une intervention militaire occidentale, qui, même si limitée dans le temps, aurait fortement amoindri les forces militaires du régime.
  • Évidemment, ce qui fait la joie du régime ne fait pas l'affaire des forces rebelles. Mises en difficulté par le régime, elles ne sont plus en mesure de conduire des offensives importantes comme on l'a vu au cours de l'année 2012. La reprise de la ville de Qusair par l'armée syrienne a été un coup dur. Aujourd'hui, les rebelles ne sont visiblement plus capables que d'offensives ponctuelles et ne peuvent renverser la situation.
  • Surtout, les Russes ont prouvé qu'ils étaient toujours les meilleurs aux échecs : Poutine a réussi d'un coup de maître à protéger le régime syrien d'une intervention américaine et à changer l'image de la Russie : on ne peut plus dire que la Russie bloque systématiquement toute décision puisqu'elle est à l'origine de cette proposition. 
Finalement, notons que l'accord a -cyniquement- de quoi faire sourire. Il prévoit, rappelons-le, de transférer les armes chimiques sous contrôle international avant de le détruite, le tout, d'ici 2014. D'abord, opérer de telles opérations logistiques (avec des armes chimiques qui plus est) relève de l'exploit dans un pays ravagé par deux ans de guerre civile. Mais ensuite, détruire ces armes dans de bonnes conditions relèvera du miracle : la Syrie n'a aucune infrastructure requise pour ce genre d'opérations. Enfin, le rapport des Nations-Unies sur les armes chimiques attendu ce lundi 16 septembre ne devrait rien changer à la situation : les États-Unis ne vont pas risquer de saborder cet accord qui leur permet de se sauver la face.



Quoi qu'il en soit, la situation en Syrie reste inchangée : au mieux, les armes chimiques seront détruites et les combats continueront avec des armes conventionnelles toutes aussi meurtrières : armes à sous munitions (théoriquement proscrites par la communauté internationale), bombardements, etc.
Dans le pire des cas, le déplacement des armes chimiques serait un fiasco et une partie des stocks "s'évaporerait" dans la nature. Ce qui serait d'autant plus dramatique qu'elles seraient récupérées par des éléments djihadistes qui souhaiteraient les utiliser à des fins terroristes.

Sources diverses : Défense & Sécurité Internationale, CERI, IRIS, Le Monde, Foreign Affairs.


Cet article est le premier d'une reprise du blog, je tâcherai d'écrire des articles plus fournis mais traitant de conflits. J'espère que la lecture aura été agréable et j'attends des commentaires constructifs. Merci pour la lecture.

dimanche 14 avril 2013

Dépassée, la planification ?

On considère souvent que la planification économique est dépassée, inefficace, une entrave à la liberté ; soviétique, somme toute.
Mais la planification n'est pas une exception communiste. À titre d'exemple, la France a expérimenté durant un demi siècle un modèle de planification souple. La planification française, strictement indicative, était un outil économique central jusqu'à la fin des années 1980 - début 1990. Le premier plan, le plan Monnet (1946-1952) établissait des objectifs de production dans six secteurs clés : charbon, électricité, ciment, acier, machines agricoles et logements. Si les plans n'ont pas toujours été complètement atteints, cet exemple de planification souple est intéressant, et l'on peut se demander si une forme de planification ne serait pas pertinente à l'heure du "redressement productif" de la France ?

Une planification décentralisée et flexible

Une planification effective doit être coordonnée au niveau régional. Planifier la construction d'une usine au fond des Vosges depuis Paris n'a aucun sens. La planification doit donc être assortie d'un renforcement des pouvoirs de la région, qui sera le pilote des opérations. En effet, celle-ci est suffisamment grande pour disposer d'un financement important et est suffisamment proche des territoires afin de pouvoir orienter les crédits efficacement. Par ailleurs, en étant plus proche des citoyens, elle serait plus à même de réagir à la conjoncture. 
Malheureusement, les régions restent des nains politiques et économiques : la région Alsace gère 700M€ lorsque de l'autre côté du Rhin le Bade Wurtemberg gère 37Md€. Une piste de renforcement de la région a pourtant été écartée ce week-end en Alsace. Le "non" est sorti vainqueur du référendum portant sur la fusion des départements Bas-Rhin et Haut-Rhin avec la région Alsace.
 
La planification doit être un outil indicatif et ne doit pas être obligatoire. Si planifier la construction de routes, de ponts, de voies ferrées n'est pas difficile à mettre en œuvre, planifier la production de chaussures est plus difficile. Il faut donc voir la planification comme un indicateur : la région fixerait un plan de développement industriel et moyennant aide financière et/ou technique encouragerait des entrepreneurs à lancer leur entreprise. L'idée est de permettre le développement d'une stratégie industrielle cohérente à chaque région, sans pour autant briser la liberté d'entreprendre qui est fondamentale dans l'innovation.
En outre, il est difficile pour une PME/PMI de se lancer dans certains secteurs requérant des investissements particulièrement lourds (télécommunications, sidérurgie) ; la région, pilote de la planification pourrait épauler l'entrepreneur. Concrètement, la région pourrait même choisir d'épauler en prenant des parts dans une entreprise en expansion. Le but étant encore une fois d'épauler son développement. 
La planification industrielle pourrait également jouer un rôle dans l'exportation : on pourrait accompagner des entreprises sur des marchés étrangers, européens par exemple ; c'est une bonne manière d'améliorer la compétitivité hors-coûts (c'est-à-dire les techniques de vente, la qualité du produit, etc.) qui fait tant défaut à la France.
Cette planification au niveau local aiderait principalement des PME. Les géants de l'industrie français n'ont pas besoin de financements publics pour se pérenniser.
Mais jusqu'ici les pouvoirs décrits ressemblent plus à ceux d'une "banque publique d'investissement". La région doit donc aussi pouvoir, en plus d'épauler et de piloter, planifier à proprement parler des projets industriels. Par exemple une région industrielle en reconversion comme le Nord pourrait choisir de se substituer à une initiative industrielle privée ou la renforcer, afin de créer des emplois dans des secteurs novateurs en lien avec l'histoire de la région : recyclage industriel, industrie sidérurgique (en se plaçant sur des aciers de meilleure qualité, le financement public aidant l'entreprise à se pérenniser.)
La région aurait, une fois le projet lancé et capable de se pérenniser, le choix de privatiser le groupe tout en gardant une minorité de blocage au conseil d'administration. Ce système existe déjà en Allemagne : une entreprise qui ferme un site afin de délocaliser ou qui fait faillite a pour obligation de laisser ses machines et outils de production sur le site. Site ensuite racheté par le Land qui se charge de vérifier s'il est rentable ou non. Le Land se charge ensuite de remettre à flot le site qu'il privatise une fois l'opération terminée. Le Land conserve une part des actions afin de se rembourser.
Un tel système pourrait être copié en France : il permet de limiter une fuite du capital industriel de la France.

Sources diverses. Cet article a été écrit selon mon raisonnement, largement perfectible, j'espère qu'il suscitera un débat afin de confirmer mon raisonnement, ou bien de l'infirmer.

dimanche 3 mars 2013

Non, nous ne serons pas tous Chinois !

L'émergence de la Chine fait peur. M. Peyrefitte ne s'exclamait-il pas "lorsque la Chine s'éveillera, le monde tremblera" ?
Certes la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale. Son armée se renforce et se modernise, comme le témoigne la récente mise en service du premier porte avions chinois. Plus récemment, l'entreprise de sécurité informatique Mendiant a réussi à lier les attaques informatiques récurrentes contre des firmes et les institutions américaines à une unité de l'Armée Populaire de Libération, c'est-à-dire l'armée de terre chinoise. Alors, allons-nous devenir Chinois ?
Une puissance économique inégalement répartie

Évidemment, il est inutile de rappeler la force de l'économie chinoise. Il suffit de regarder le lieu de production de la plupart de nos objets quotidiens. Seulement, il est intéressant d'analyser d'où vient exactement la richesse économique chinoise. La richesse chinoise provient de son littoral, des zones dotées d'un statut de "zones économiques spéciales" - c'est-à-dire de zones où le capitalisme libéral est la règle - d'où proviennent 75% des exportations. Ces zones ont été mises en place durant l'ère Xiaoping -à partir de 1978 jusqu'au début des années 1990- et sont aujourd'hui les principaux moteurs de l'économie chinoise. Contrecoup : les zones dans l'arrière pays, plus rurales et arriérées de la Chine pâtissent d'un sous développement : le PIB/habitant d'un citadin de Shanghai est de 8000$/an lorsqu'un habitant du Yun'an touche en moyenne 1800$/an (en 2006).
Plus encore, lorsqu'on regarde la création de richesses de la Chine, celle-ci est beaucoup moins impressionnante qu'il n'y paraît :
- Premièrement l'essentiel de la production chinoise est assurée par des entreprises étrangères installées en Chine : ce n'est donc pas la Chine qui produit directement nos biens.
- Deuxièmement, si l'on regarde la composition de la production chinoise, on y trouve principalement des produits manufacturés. Et ces produits manufacturés sont principalement des habits, des jouets, des assemblages etc, mais très peu voire aucun produit à forte valeur ajoutée -la valeur ajoutée correspond à la différence entre la valeur du produit fini et la valeur des produits nécessaires à la production de ce dernier : exemple : une voiture est vendue 20 000 €, les produits qui la composent (pneus, moteurs - les "consommations intermédiaires" - coûtent au total 15 000€. On réalise la différence décrite au dessus : 20 000 - 15 000 = 5 000€. La valeur ajoutée créée dans le produit fini est donc de 5 000 €.-
Pour étayer cet argument, voyons le cas de l'iPhone : L'assemblage est effectué en Chine, mais la plupart des composants sont produits ailleurs : l'écran est produit en Corée, le processeur aux États-Unis, l'antenne en Allemagne, etc. En d'autres termes, l'essentiel de la valeur ajoutée, des composants nécessitant une technologie de pointe, est produite ailleurs dans le monde ... mais pas en Chine ! Celle-ci se contente d'assembler les différents composants. Assembler ces composants n'ajoute que 6.5$ au produit.



Une puissance militaire en devenir ?

Indéniablement, la puissance militaire chinoise se renforce. En 2000, un rapport de la RAND Corporation (une agence américaine spécialisée dans les études et prospectives en matière de défense) estimait que si l'US Air Force (USAF) avait à affronter son homologue chinoise, l'opposition offerte par celle-ci aurait été équivalente à celle de l'armée de l'air irakienne en 1991. L'USAF avait éliminé en un jour 33 appareils irakiens et déploré la perte d'un seul de ses avions. En 2010, la Chine s'est fortement améliorée : les avions ont été dotés de radars plus performants, de missiles à longue portée, d'appareils de détection avancée. La qualité générale des appareils a elle aussi augmenté. Mais fondamentalement, les nouveaux appareils mis en service (J-11 notamment) sont des copies d'appareils russes. Or, ces copies sont imparfaites. Par exemple, la Chine ne maitrise toujours pas les technologies pour construire des réacteurs, élément pourtant stratégique ! Ses appareils sont motorisés avec des réacteurs occidentaux ou russes construits sous licence.
De même, les navires militaires chinois semblent et sont plus modernes par rapport à ceux des années 1990, mais il faut rester prudent : des marins américains qui visitaient un navire chinois en escale à Hawaï ont remarqué des cloisons intérieures en contreplaqué... Enfin, la très médiatique mise en service de Liaoning, premier porte-avions chinois, doit être relativisée : assimiler les expériences et les techniques requises pour une utilisation optimale d'un porte-avions est très long.

Alors, allons-nous devenir Chinois ? 

Ma réponse est non. La Chine est pleine d'atouts et constitue une puissante qui va continuer de s'affirmer. Mais pour que la Chine dépasse un jour les États-Unis, il faudrait qu'elle batte ceux-ci dans le domaine où ils sont les plus forts : l'innovation. Car la réalité économique est ce qu'elle est : la Chine n'est qu'une usine du monde qui assemble les produits inventés par les multinationales étrangères. L'innovation chinoise est d'autant plus limitée que le régime chinois reste dictatorial et étouffe les libertés individuelles, et donc l'innovation. Le risque qui guette la Chine et le même que celui qui a touché l'URSS : les ingénieurs soviétiques étaient ingénieux, à n'en pas douter, mais le régime soviétique leur interdisait la possibilité de mettre en application leurs idées. Tant que la Chine ne se démocratisera pas, le pays restera une simple usine.
 
Mise à jour : François Hollande en Chine, la France et la Chine :

Il y a quelques jours, François Hollande se rendait pour la première fois en Chine, au programme : accords économiques, contrats, etc. Mais une question pertinente s'est posée avec ce voyage en Chine : que représente la France au yeux de la Chine ? Notre poids économique est en relative diminution. Nos voisins allemands attirent beaucoup plus la Chine, pour des raisons économiques -l'Allemagne fournit une partie importante des machines-outils de précision mais aussi des outils industriels de haute technologie dont la Chine a tant besoin.- que technologiques -la Chine compte sur des transferts de technologies dans les domaines qui lui font défaut-. Pourtant, il ne faut pas croire que la France est négligeable aux yeux de Pékin.
D'abord, nos relations diplomatiques ont toujours été plutôt bonnes. Le Général De Gaulle fut le premier dirigeant d'un pays occidental à reconnaître la République Populaire de Chine en 1964. Ce simple geste est pourtant resté important aux yeux des Chinois. Mais d'un point de vue plus pragmatique : la France a un savoir-faire dans le nucléaire, l'aéronautique et encore le BTP écologique. Or la Chine a besoin de logements, elle a aussi besoin d'électricité plus propre que ses milliers de centrales au charbon. Elle aimerait aussi être indépendante dans des domaines stratégiques : construire des carlingues c'est bien, mettre des réacteurs qui marchent dedans c'est mieux. Bref, dans ces domaines, la Russie, traditionnelle fournisseur de la Chine dans ces domaines, est méfiante : trop de ses appareils ont été copiés, tandis que la France, elle, cherche des contrats. Il y a donc une possibilité de partenariat économique, avec des risques et des intérêts.
Mais au-delà des contrats, il faudrait que la France et la Chine renforcent leur coopération au niveau des universités. Une de mes connaissances a choisi de partir étudier en Chine. Ce genre de comportement est à encourager, il faut favoriser la mobilité de nos étudiants respectifs. Renforcer les coopérations entre les universités et les instituts technologiques : d'une part car toute coopération est bonne, d'autre part car la coopération permet à chaque partie de se comprendre mieux. Or, lorsque l'on travaille ensemble et que l'on se comprend bien, on s'apprécie. Ce renforcement de la coopération entre nos pays serait un moyen bénéfique pour les deux nations de renforcer la relation forte qui les lient.

mercredi 13 février 2013

"I want my money back"

"I want my money back" clamait Margaret Thatcher, au début des années 80. Plus exactement de novembre 1979 à juin 1984. Margaret Thatcher, alors Premier Ministre du Royaume-Uni, provoqua l'une des pires crises qu'ait connu l'Union Européenne. Celle-ci partit d'un constat simple : le Royaume-Uni verse plus à l'Union que ce qu'il reçoit en subventions. Mme Thatcher voulut qu'on lui "rembourse la différence". À l'usure, elle eut raison des chefs d'État européens qui acceptèrent de rembourser le Royaume-Uni.

Rebelote

Aujourd'hui la donne a quelque peu changé : le Royaume-Uni ne demande plus qu'on le rembourse mais s'est allié avec l'Allemagne pour demander que l'Europe se serre la ceinture. Face à eux se dressent la France et l'Italie, qui souhaitent mieux répartir les investissements de l'UE afin qu'ils contribuent à créer des emplois. Jeudi 7 février, les négociations ont commencé. Souhaitant certainement plaire aux eurosceptiques de son parti -c'est à dire ceux qui pensent que l'aventure européenne n'est pas une bonne idée et qui souhaitent s'éloigner de l'UE-, le Premier Ministre britannique David Cameron a prévenu sur un ton thatchérien "le budget doit être revu à la baisse, et s'il ne l'est pas, il n'y aura pas d'accord".

L'austérité est une erreur

Alors que le FMI a lui-même reconnu que l'austérité budgétaire -c'est à dire économiser en procédant à des coupes barbares dans la plupart des programmes sociaux- est une erreur, les chefs d'État anglais, allemand et de certains pays nordiques (Danemark et Suède notamment) sont décidés à jeter l'Union Européenne dans la tourmente alors qu'il faudrait que celle-ci s'investisse plus dans la vie économique.
MM. Hollande et Monti ont raison, il faut que l'UE contribue au retour de la croissance, en investissant dans les secteurs d'avenir : énergies renouvelables, technologies de pointe, etc. Il ne faut pas non plus négliger les projets d'infrastructures payées par l'UE, qui génèrent un nombre important d'emplois
Le projet économique de M. Hollande prend son sens : assainir la situation financière de la France mais compter sur une relance économique de l'Union Européenne pour créer de l'emploi. Or, pour qu'il y ait une relance, il faut un budget conséquent. Aujourd'hui le budget de l'UE est dérisoire comparé à celui des États qui la composent.

Un compromis ?

Après une nuit de négociation, les chefs d'États européens auraient trouvé un accord, ou du moins un plan budgétaire d'ensemble. Le budget 2014 - 2020 serait de 908 milliards d'euros, soit cinq milliards de moins que ce qui était prévu. Cette somme rapportée annuellement, correspond à 129 milliards d'euros, alors qu'il était de 132 milliards en 2012.
Les coupes prévues concernent le domaine des transports, des télécommunications mais aussi les salaires et primes des fonctionnaires européens. On ne peut qu’être préoccupé par ces coupes sombres qui risquent de prolonger le marasme dans la zone euro. Cette erreur est d'autant plus importante qu'elle va concerner chacun des pays, y compris l'Allemagne qui met également en jeu ses performances économiques. En effet le marché européen stagne, et elle trouve de moins en moins de débouchés pour ses produits. Elle risque, à moyen voire court terme, un réel ralentissement de son économie. La solution de la relance européenne devrait donc faire l'unanimité par rapport à des politiques d'austérité suicidaires.

Une lueur d'espoir pour condamner ce budget que l'on pourrait qualifié de ridicule : le Parlement européen menace de ne pas voter le budget. Mais le texte ne sera pas examiné avant juillet.

jeudi 24 janvier 2013

Rio, son carnaval, ses plages, et ... ses favelas !

Rio, vitrine du développement brésilien, destination touristique prisée pour son carnaval, ses bars, ses plages, va accueillir (en partie) la Coupe du Monde de Football 2014 et les Jeux Olympiques 2016. Consécration pour le Brésil, pays émergent membre des BRIC -Brésil Russie Inde Chine ; les quatre pays en développement qui rattraperont nos économies- qui ambitionne de jouer la puissance régionale d'Amérique du Sud. Mais le Brésil malgré ses performances économiques remarquables -jusqu'à 7.5% de croissance en 2010 (à noter que le pays a subi un ralentissement en 2012)- fait face à de grosses difficultés. Et sa vitrine, Rio,  brillante des paillettes du carnaval cache un malaise social réel.

La favela, un lieu de non-droit

Vue de la favela de la Rocinha, la plus peuplée
Rio compte plusieurs favelas dont la plus importante, la Rocinha, compte près de 300 000 habitants. La favela est une ville dans la ville, avec ses rues, ses quartiers, ses places. Elles commencèrent à être construites au début du XXe siècle à la suite de la destruction des taudis de travailleurs, ce qui obligea ces travailleurs à monter sur les collines. 
Non délimitée -contrairement aux ghettos sud-africains qui sont démarqués des autres zones urbaines par des barbelés, voire des murs- les habitants de la favela constituent une classe sociale à part entière. Ils ne fréquentent pas les autres parties de la ville.
La favela est une zone de non droit, c'est-à-dire que la loi municipale, régionale ou fédérale -le Brésil est un État de type fédéral, comme les États-Unis d'Amérique- ne s'y applique pas. Les favelas sont dirigées par des gangs. Dans les années 1970 -durant la dictature militaire- ces gangs étaient imprégnés d'idéaux socialistes et acceptaient de jouer un rôle social, fournissant des revenus à nombre de favelados (nom donné aux habitants des favelas), mais aussi un semblant d'administration et de services sociaux.
Mais progressivement, ces idéaux disparurent. Les gangs se recentrèrent sur les activités les plus lucratives : trafic de drogues, trafic d'armes, trafic d'êtres humains, prostitution. Corollaire de tous ces trafics : une augmentation significative de la violence.

Les opérations de "reconquête" des favelas

C'est cette explosion de la violence qui a poussé les autorités brésiliennes à intervenir, durant les trois années précédant la première opération militaire, cinquante personnes furent blessées par balles perdues et 13 tuées. En 1994-1995 débute la première opération de pacification, nommée "Rio de Janeiro". Planifiée comme une opération courte, elle a permis d'éliminer une partie des gangs. Mais elle n'a pas permis le rétablissement de l'État de droit, puisqu'elle n'était pas inscrite dans la durée. Ainsi, dès que les forces militaires furent parties les gangs reprirent le terrain laissé vacant.

En vue des événements mondiaux prévus à Rio et au Brésil en 2013-2014 et 2016, le gouvernement a décidé de lancer une nouvelle opération de "reconquête" des favelas. Cette fois-ci, les autorités ont tiré les leçons de la première opération. Ainsi, celle-ci a été construite sous un schéma "Clear-Hold-Build" (nettoyer, occuper le terrain, (re)construire). Ce genre de schéma est également utilisé par les forces occidentales en Afghanistan.
La première partie de l'opération a donc consisté à nettoyer la favela en utilisant des éléments mixtes de l'armée mais aussi de la police. Il est intéressant de noter que l'opération a été annoncée, ce qui a permis aux membres des gangs de fuir. Les forces militaires ont donc fait face aux éléments les plus déterminés à se battre.
Plusieurs opérations sont lancées, la municipalité espère contrôler les quarante principales favelas d'ici l'année prochaine.

Essentiels pour coordonner les opérations, l'armée a utilisé nombre d'hélicoptères dans les opérations.
Mais à la différence de la première opération, les troupes brésiliennes ont ensuite tenu le terrain, afin de pouvoir reconstruire. L'État a ainsi recruté des policiers spécialisés, jeunes, fraîchement sortis des écoles -afin de limiter le risque de corruption, ceux-ci étant encore imprégnés des règles martelées dans les écoles- et déterminés. Ils sont également payés le double d'un policier ordinaire (1000 réaux / 450 €). Ces unités de police pacificatrices (UPP) sont néanmoins critiquées car leur comportement s'est parfois révélé violent. Interrogée par le Monde Diplomatique, une habitante dénonçait la situation, arguant que "les UPP ont remplacé les gangs dans les favelas"

La phase de reconstruction est certainement la plus importante, bien que moins impressionnante que les opérations militaires dans la favela. Accompagnant directement les troupes militaires, les organisations municipales se sont installées, le plus souvent dans les anciens locaux des gangs pour marquer les esprits.
Progressivement les services municipaux ont repris leurs activités. Autre signe, des banques acceptent de s'installer dans les favelas afin de délivrer des micro-crédits -il s'agit de prêt de quelques centaines d'euros mais qui parfois suffisent à lancer une petite PME-. De plus, les services municipaux récemment ré-installés lancent de "grands projets" d'aménagement : routes, réseau d'égouts, etc. Ces projets permettent de donner un travail aux habitants. Ils trouvent un revenu fixe ce qui permet de les détourner des gangs. Ce point est peut-être le plus important de l’opération et pourrait être envisagé dans les cités françaises ? Donner aux jeunes de ces quartiers une opportunité de travailler permettra peut-être une ré-insertion dans la vie professionnelle. La répression policière voire militaire contre les gangs n'est d'aucune utilité tant qu'elle n'offre pas en parallèle une opportunité de "reconversion" aux populations en situation d'exclusion.

Le téléphérique flambant neuf surplombant la Santa Marta
Symbole de cette reconquête des favelas, celle de Santa Marta, toujours à Rio, a reçu un réseau d'eau potable et le téléphérique flambant neuf qui la surplombe est le symbole de sa "réintégration" à la ville. La reconquête des favelas est jusqu'à présent un succès.

Mise à jour du 07/10/2013

Quand j'écrivais cet article sur les opérations de pacifications des favelas au Brésil, j'ai tâché d'analyser la situation sous un angle plutôt sécuritaire. Force est de constater que cette analyse, si elle n'est pas fausse, est néanmoins biaisée. Je vous propose cette vidéo tirée du site www.lemonde.fr :

http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/video/2013/10/07/reprise-de-l-operation-de-pacification-dans-les-bidonvilles-de-rio-de-janeiro_3490956_3222.html

Elle donne un contre-point intéressant qui manquait à l'article. 

mercredi 16 janvier 2013

Le Japon face à la décadence ?

Le Japon, troisième puissance économique mondiale s'enlise dans la crise. Population vieillissante, société sclérosée, classe politique corrompue, déflation, les indicateurs sont presque tous dans le rouge.

Un tableau sombre

L'économie japonaise ne reprend pas. Plombée par une dette atteignant presque deux fois et demi le PIB (218%), une déflation -c'est-à-dire lorsque les prix diminuent chaque année, ce qui n'est pas une bonne chose. Les entreprises voient en effet leurs bénéfices diminuer, puisque le même nombre de ventes rapporte moins- qui perdure et un déficit public colossal (8.2% du PIB en 2012 contre 4.6% en France). L'ancien gouvernement du Parti Démocrate (centre gauche) de M. Oda, qui avait tenté une politique de réduction des dépenses et le doublement de la TVA afin de diminuer le déficit, a été balayé par le parti libéral démocrate (PLD), parti conservateur, qui, hormis un intermède entre 2009 et 2012, a été systématiquement réélu depuis 1946. La corruption de la classe dirigeante -il n'est pas rare qu'un ministre démissionne (voire se suicide, cf une affaire impliquant l'ancien ministre des finances, Tadahiro Matsushita) à cause de conflits d'intérêts-,a pour conséquence le désintérêt de la part des jeunes pour la politique et sont peu optimistes, lesquels quant à une éventuelle reprise économique.

Is Abe Able ? 
(Able en est-il capable ? - TIMES magazine)

Shinzo Abe, actuel premier ministre du Japon.

La question mérite d’être posée. Shinzō Abe -se prononce Abé- a déjà occupé le poste de premier ministre entre septembre 2006 et septembre 2007. Il s'est fait réélire en partie sur un programme très ambitieux, nommé « Remettre sur pied le Japon ». Non seulement il prévoit de relancer l'économie japonaise à coup de plans de relance de milliards de dollars, mais il prône aussi une grande fermeté face à la Chine et dans le conflit qui les oppose. Vu comme un faucon -partisan d'une politique sinon agressive, au moins ferme-, il souhaite modifier la constitution japonaise afin de doter le pays d'une force militaire "conventionnelle" -le Japon n'a en effet pas le droit de disposer de forces militaires "offensives" ; portes-avions, missiles longue portée, etc.-
Le plan de relance économique a été dévoilé mardi 9 janvier. Ambitieux, celui-ci consacre 89.5 milliards d'euros dans des mesures de soutien dont la moitié pour des travaux d'infrastructures -constructions ferroviaires, bâtiments, normes sismiques etc.-, secteur qui emploie directement et indirectement une large main d'œuvre.
Mais ce plan a déjà été largement critiqué. Coûteux, on lui reproche d'être trop axé sur le secteur du bâtiment, or les lourds investissements ne risquent de ne donner qu'un stimulus temporaire à l'activité. Certes, des subventions à la R&D (recherche et développement) sont prévues dans le plan de relance, mais rien n'est fait pour restructurer plus en profondeur l'économie japonaise. Surtout, la corruption de la classe dirigeante et sa proximité (presque fusionnelle) avec le monde des affaires ne permet pas un débat en profondeur ou un renouvellement suffisant de la classe politique japonaise ; ses membres sont souvent âgés, et surtout, sont pour la plupart issus de quelques familles influentes.
Autre solution selon M. Abe : chercher de nouveaux marchés à l'export pour les mastodontes de l'économie japonaise (Sony, Toyota, Toshiba etc.). Ces conglomérats, les Keiretu, sont issus des Zaibastui (clique financière en français). Ce sont ces firmes tentaculaires qui, grâce à leurs exportations, soutiennent l'économie japonaise. Leur assurer des marchés est donc vital. Le premier ministre japonais M. Abe se rend donc à partir d'aujourd'hui en Asie du Sud-Est, principal marché émergent visé par le Japon. En effet, la crise économique et l'austérité généralisée en Europe réduisent la demande en biens et services, ce qui affecte directement les entreprises japonaises. 

Le Japon face à la Chine, et à ses voisins

Fait intéressant, le premier pays visité par M. Abe dans sa tournée est le Vietnam. Ce choix n'est pas anodin. Bien que officiellement communiste, le Vietnam tente d'imiter son voisin chinois en ouvrant toujours plus le pays aux investisseurs. Mais au-delà, le Vietnam est en conflit diplomatique avec la Chine, au sujet d'îles situées au large du pays. Cette situation ressemble à celle du Japon qui est également en conflit avec la Chine, au sujet des îles Diaoyutai/Senkaku. 

Les deux géants asiatiques se livrent depuis le début de l'année 2012 un véritable conflit au sujet de ces îles. La tension est montée à tel point qu'une expédition d'environ 150 Japonais sur ces îles inhabités a provoqué des émeutes anti-japonaises en Chine. Au début de cette semaine, la Chine a annoncé qu'elle mènerait une mission cartographique et surtout géologique sur ces îles. La tension est à son comble entre les deux parties. 

Mais les enjeux de ces ilots inhabités va au-delà de la démonstration de force. Outre des fonds marins riches en hydrocarbures, la souveraineté de ces îles, selon qu'elles appartiennent au Japon ou à la Chine, modifie complètement les frontières maritimes :

Carte maritime de la région, montrant les multiples conflits maritimes du Japon mais aussi de la Chine avec ses voisins du Sud Est asiatique.


Sur ce conflit, M. Abe a annoncé vouloir rester ferme face à la Chine. Peut-on cependant craindre un affrontement armé ? Si le risque n'est pas nul, il est peu probable. En effet, les balais de navires de gardes-côtes sont plus une démonstration de force qu'une préparation à un conflit, qui serait destructeur. Économiquement, la Chine est devenue le premier marché extérieur du Japon. Les entreprises japonaises contribuent pour beaucoup à la modernisation chinoise, et les deux parties ne peuvent pas se permettre d'entrer en guerre l'une contre l'autre.

Par ailleurs, ce conflit en dit long sur l'état d'esprit du Japon. Certains des faucons conservateurs japonais -qui ressemblent fortement à ceux qui tirent les ficelles du parti républicain américain- sont encore dans un esprit de guerre froide. Cette sclérose de la classe dirigeante est aussi importante dans la société. Le Japon reste un pays fermé sur lui-même, replié. A titre d'exemple, le pays rend difficile l'entrée sur le marché national pour les entreprises étrangères. Les Japonais sortent peu du territoire national. Or, lorsque l'on reste fermé aux autres (et au changement ?) on ne comprend plus forcément la réalité, ses problèmes, et les solutions nécessaires.

Enfin, terminons par une anecdote révélatrice du Japon. Il s'agit d'un des seuls pays au monde qui est en conflit territorial plus ou moins ouvert avec tous ses voisins.

Sources : gecodia.fr, le Monde, Wikipédia, Sénat.fr

lundi 14 janvier 2013

Le Mali : retour sur un conflit d'un an



A nouveau sous les feux de la rampe depuis vendredi 11 janvier 2013, le Mali est devenu l'un des enjeux de l'Afrique de l'Ouest. L'intervention française, qui devrait être accompagnée par des forces de la CEDEAO (Confédération Economique des États d'Afrique de l'Ouest), n'est que le dernier rebondissement dans ce conflit qui a débuté en janvier 2012 et qui avait mis en déroute l’État malien.

Un gouvernement complètement dépassé

Le conflit malien éclate au début de janvier 2012, lorsque des éléments du Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) -organisation politique et militaire qui revendique l'indépendance de l'Azawad, région du Nord-Mali- attaquent des positions de l'armée malienne dans le Nord du pays. Ses membres sont essentiellement touaregs, l'ethnie dominante dans cette région. L'armée malienne est rapidement dépassée, en cause, la vitesse de progression des rebelles mais aussi l'alliance de ces derniers avec le groupe djihadiste Ançar Dine. Ce groupe est plus ou moins directement relié à AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). Un troisième groupement intervient dans le conflit, il s'agit du  Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), qui lui est directement issu d'une section d'AQMI. En mars 2012, le Nord du pays est presque tombé. La situation est critique, à tel point que dans la nuit du 21 au 22 mars, un coup d’État militaire renverse le président malien Amadou Toumani Touré.

Durant le mois d'avril, la junte cherche à gagner du temps et abandonne la ville de Gao aux rebelles. Mais du côté des rebelles, on assiste aux premières rivalités. L’Agence France-Presse annonce que le mouvement Ançar Dine a pris le contrôle de Tombouctou le 2 avril et en a chassé les combattants du MNLA.
La rupture intervient au mois de juin alors qu'une personnalité connue à Gao, enseignant et élu local est tué. Une foule en colère proteste contre les groupes armés. Le 27 juin, des combats opposent des combattants du MNLA et des combattants islamistes. Début juillet, la ville est sous contrôle islamique.

L'Azawad en vert foncé, avec le reste du Mali en gris. (Wikipédia)


Début janvier 2013, des éléments islamistes d'Ançar Dine et du MUJAO entament une nouvelle offensive vers le Sud. Le 10 janvier, les islamistes prennent la ville de Konna et se dirigent vers Mopti, dernière ville avant la capitale, Bamako. Le président malien demande l'aide immédiate de François Hollande, qui décide dès le 11 janvier d'engager l'armée française.

Opération Serval

L'opération militaire Serval est menée par les troupes françaises en collaboration avec les troupes maliennes. Les premières furent déployées avant même l'annonce de l'intervention française. Si officiellement la France ne fait que soutenir ses alliés maliens, les faits montrent que la France mène presque entièrement l'offensive menée depuis vendredi, et avec une certaine efficacité.



Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian a insisté sur le fait que les opérations se déroulent de manière favorable. Les hélicoptères de combat français appuyés par l'aviation ont permis de stopper les combattants dans leur progression vers le Sud, les forçant à quitter la ville de Konna. Au total, on estime "qu'au moins cent" militants islamistes ont été tués. Les pertes françaises au Mali ne s'élèvent pour l'instant qu'à un seul mort. Dans la soirée du lundi 14 janvier, l'armée française a déployé des véhicules blindés (une trentaine selon un journaliste local). Ces forces sont issues des troupes de la force Licorne, basée en Côte d'Ivoire.
Il s'est avéré que les troupes ennemies sont bien armées et entrainées. Les armes reçues proviennent notamment de l'arsenal du général Kadhafi, ancien dirigeant libyen.. Lundi 14 janvier, des éléments islamistes ont pris la ville de Diabaly dans l'Ouest. Cette contre attaque montrent que les islamistes ne sont pas en déroute totale, d'autant qu'ils bénéficient de bases arrière en Mauritanie.
Si la France agit seule pour l'instant, des renforts africains sont attendus : le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal et le Togo ont annoncé l'envoi de 500 hommes chacun, le Nigeria 600. Enfin, selon Moussa Ag Assarid, un responsable du MNLA, les rebelles touaregs seraient prêts à aider la France. La Mauritanie a également annoncé que son armée s'est redéployée le long de sa frontière pour boucler cette dernière, afin d'éviter que les djihadistes se replient en territoire mauritanien.
Quand aux soutiens occidentaux, la Grande-Bretagne a annoncé un soutien logistique, en envoyant des avions de transport. Les États-Unis ont promis une aide en matière de communication ainsi que l'envoi de drones. L'Allemagne a annoncé un soutien "logistique", "médical" ou "humanitaire". Un consensus international s'est développé en faveur de l'intervention -M. Hollande a par exemple été salué par les médias africains-, tandis que la France a convoqué le conseil de sécurité des Nations-Unies ce lundi.
En France, un consensus politique a aussi entouré l'opération. Les seules personnalités politiques s'étant clairement exprimées contre l'opération sont Noël Mamère, Jean Luc Mélenchon et Nathalie Artaud.

Carte des combats, tirée du site www.lemonde.fr

Des enjeux réels

Les enjeux sont importants, pour tous les intervenants.
L'objectif officiel du gouvernement français est d'enrailler la progression des troupes islamistes et de les empêcher "d'annexer" le reste du Mali afin d'en faire une base arrière pour AQMI. Cette situation aurait été d'autant plus inconcevable que la cellule terroriste a maintes fois déjà menacé l'Europe et plus particulièrement la France.
Aussi, il s'agit pour le président français de réaffirmer son soutien aux anciennes colonies avec lesquelles la France maintient de bonnes relations, malgré des frictions régulières (Françafrique, Libye). Il est intéressant de noter qu'un journal algérien accuse la France de néocolonialisme, tandis que certains médias africains grincent des dents car l'orgueil malien est légitimement touché.
Troisième point, cette affirmation de la France et de son président, qui a pris la décision de partir en guerre sans l'aide directe de ses alliés va certainement influencer la cote de popularité de M. Hollande. Rappelons-nous que lorsque Nicolas Sarkozy avait entamé avec ses alliés les frappes sur la Libye, sa popularité est (temporairement) repartie à la hausse. A ce titre, le consensus politique est symbolique. D'importantes personnalités de droite (MM. Fillon et Juppé) ont approuvé l'opération en qualifiant celle-ci de "nécessaire."
Il ne faut cependant pas perdre de vue les otages français dans la région, au nombre de neuf. Il y a un réel risque que ces derniers soient menacés de mort en réaction à l'offensive. A ce titre, pouvons-nous lier l'opération au Mali à l'opération ratée de sauvetage d'un agent de la DGSE (renseignements extérieurs) en Somalie ? Officiellement non, cette dernière avait été prévue depuis le mois de décembre selon le gouvernement.

Actualisation :
Mardi 15 janvier : l'armée française a annoncé que la ville stratégique de Konna n'est pas tenue par les forces loyalistes. Ce communiqué entre en contradiction avec celui de l'armée malienne daté de ce week-end. Celle-ci affirmait que la ville de Konna "n'est plus aux mains des islamistes". Les troupes maliennes sont, il faut le reconnaître, incapables de faire face à ces combattants bien armés, équipés, et entrainés. La France a bien compris les déficiences des forces maliennes. 1700 hommes au total sont déployés dans le cadre de l'opération, dont 800 directement sur le territoire malien. Lundi soir, des blindés français ont traversé la frontière.
Des questions méritent d'être posées. Si M. Hollande, en déplacement aujourd'hui à Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis), a insisté sur le fait que "la France n'a pas vocation à rester au Mali ?", qui va conduire la reprise (et surtout la pacification), du territoire malien ? L'armée malienne est incapable de mener la moindre opération d'envergure, et si les renforts africains sont prévus d'ici "quelques jours", il faudra coordonner ces hommes. De plus, la France manque de moyens militaires de reconnaissance stratégique (détection radar avancée, écoute de communication, etc.).
Si M. Hollande promettait une guerre courte ("quelques semaines", selon L. Fabius, ministre des affaires étrangères), il faut briser ces illusions. M. Juppé, ancien ministre des affaires étrangères, a précisé, avec certainement plus de lucidité, que la France s'engage dans "une opération longue et difficile". La question subsidiaire est alors de savoir ce que l'on veut, et fixer des objectifs réalistes. Veut-on simplement empêcher les islamistes de conquérir le pays entier ? Ou alors souhaite-t-on sécuriser et pacifier le pays ? Ce sont deux objectifs différents et les moyens requis pour les réaliser ne sont pas les mêmes. On peut fortement douter que la France ait, seule, les moyens d'atteindre le second.

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Jeudi 17 janvier 



Attention : toutes les informations chiffrées concernant la prise d'otages sont sujettes à caution. Les informations sont différentes selon les sources, et aucune agence de presse ou journal n'arrive à disposer de sources sûres. L'emploi du conditionnel prévaut.

Prise d'otage en Algérie

Hier a eu lieu une prise d'otage dans un des sites en Algérie du groupe russo-britannique BP. Un total de 41 occidentaux en plus d'au moins 300 Algériens sont  retenus par un groupe dissident d'AQMI. Le groupe nommé la "brigade des enturbannés" ("La brigade Al-Mouthalimin") est dirigé par un Algérien, Mokhtar Belmokthar (le Borgne), déjà connu des autorités algériennes. La brigade aurait fait dissidence ou s'est fait exclure d'AQMI fin 2012. En cause les pratiques du groupe, notamment pour son financement. En effet il a souvent utilisé le trafic de cigarettes pour se financer. -Mokhtar Belmokhtar a ainsi gagné le surnom de Mister Malboro-. L'homme et son groupe se sont également imposés comme les maitres du trafic d'armes dans le Sahara. Ainsi, il est devenu l'un "des chefs les plus réputés" du Sahara, selon l'Américain Stephen Ellis. Les combattants eux-mêmes viennent de différents pays mais "d'aucun pays frontalier" selon le gouvernement algérien. 

L'armée algérienne est intervenue ce jeudi après midi vers 14h afin de libérer les otages, malgré les menaces répétées du groupe de faire "exploser le site." Une société française, CIS Catering, avait annoncé hier que 150 de ses employés algériens étaient retenus. L'opération menée par l'armée algérienne aurait fait 34 morts ainsi que 14 preneurs d'otages, de plus, des forces "terroristes" tentant de "s'enfuir" ont été "bombardées" selon le ministre de la communication algérien. Dans la confusion, cela aurait permis à 30 otages de s'enfuir.

L'intervention a été critiquée par les gouvernements impliqués. Londres parle d'une "situation incertaine [...] Nous devrions nous préparer à de mauvaises nouvelles". Le ministère des affaires étrangères français parle "d'une situation tragique", alors que ce matin encore, il annonçait "faire confiance aux autorités algériennes". L'entreprise BP, quant à elle, a confirmé la prise d'otage et a annoncé dans la foulée évacuer tous les employés non essentiels de ses sites en Algérie.

Vers 19h ce soir, le ministre de la communication algérien a annoncé que l'opération se poursuivait. Néanmoins ce dernier a reconnu que l'opération avait causé "quelques morts et blessés". Selon l'armée, 600 Algériens auraient été libérés. Vers 20h30, l'armée a annoncé la fin de l'opération, mais ne donne aucun bilan.

Il est intéressant de noter que l'intervention n'a certainement pas reçu un "feu vert" des nations concernées. Il y a la une volonté du gouvernement algérien de montrer que le pays est capable de gérer seul ses problèmes de sécurité intérieure et qu'il est capable de rester maître de la situation
Il s'agit d'un tournant dans la guerre au Mali. Non seulement l'opération, qui a été préparée depuis plusieurs semaines -le ministre de la communication algérien parlait d'hommes "très bien armés et entrainés, qui connaissaient le site"-, elle a due être précipitée mais elle est elle-même une des conséquences de la guerre au Mali, conséquence elle aussi de l'opération en Libye. -la chute de Kadhafi a ouvert les vannes de l'arsenal d'armement libyen qui a inondé la région.- Les gouvernements concernés (japonais, anglais, norvégien et américain notamment) vont certainement devoir réexaminer leur engagement au Mali. 
Les preneurs d'otages ont voulu "punir" l'Algérie pour avoir "ouvert le ciel aux forces croisées" -l'Algérie a en effet accordé à l'armée de l'air française de faire passer ses avions via son territoire.-

Combats au Mali
 
justement, les combats continuent autour de Diabaly, dans l'Ouest et à Konna. Ces deux villes, prises par les rebelles respectivement vendredi et ce week-end, sont des verrous stratégiques. Pour la première fois, hier, des éléments au sol français ont combattu des éléments islamistes. Là-aussi les informations fiables sont rares, mais les forces spéciales françaises sont impliquées. Au total 1400 soldats sont engagés dans l'opération. Le gouvernement a annoncé que le total sera bientôt porté à 6000 hommes.

L'objectif de guerre -il est intéressant de noter que le gouvernement parle bien d'une guerre pour ce conflit, et non "d'opération de maintien de la paix" ou autre maquillage pour camoufler la vérité.- sont de "détruire les terroristes". La guerre contre le terrorisme de M. Hollande prend alors une envergure radicalement différente : 
- Premièrement, détruire les terroristes maliens est impossible pour l'armée française. Je citerai ici un point de vue intéressant mais révélateur d'un invité de l'émission Du Grain à Moudre de ce jeudi 17 janvier, sur France Culture, qui a dit : "La guerre est une chose de bien trop importante pour être confiée aux Européens.". Cela implique, à juste titre, que les armées françaises (et européennes) ne sont pas capables de mener à bien seules une telle mission.
- Deuxièmement, parler de "terroristes", c'est faire un amalgame qui englobe tous les mouvements présents au Mali. Assimiler Ançar Dine, le MNLA, le MUJAO et AQMI est une erreur. Car si l'on identifie mal notre ennemi -le(s)quel(s) existe(nt) forcément, puisque le mot de "guerre" a été employé par le gouvernement-, nous aurons encore plus de mal à le combattre. 
 
Et s'il s'agit bien de ça, selon les propres mots du gouvernement. Car pour "détruire le terrorisme par la guerre" il va nous falloir du temps, de la détermination, et une réelle réflexion sur notre ennemi: qui est-il ? Qui sont ses soutiens ? Où se finance-t-il ?
Sur cette question de financement, en revanche, des réponses peuvent être données. En plus des diverses rançons (comptez 10  millions minimum pour "un européen relativement important enlevé par des éléments islamistes", avez-vous vu un communiqué officiel des gouvernements qatari ou saoudien condamner les opérations des islamistes au Mali et en Algérie ?

Lundi 21 janvier :
Les troupes françaises sont entrées aujourd'hui dans la ville du Diabali, tombée au main des rebelles lundi dernier. D'après un journaliste de l'AFP qui accompagnait ces hommes, aucune résistance de la part des troupes islamistes n'a été signalée. En revanche, la population s'est montrée enchantée et soulagée par l'arrivée des troupes françaises. La ville de Douentza a également été reprise.
Selon différentes sources, les forces islamistes se seraient repliées vers le Nord et la ville de Kidal, première ville tombée au lancement de la rébellion.

Exactions maliennes

Au fur et à mesure que la reconquête progresse, la vengeance suit de près. En effet, l'arme malienne procèderait à des exécutions sommaires de tout individu suspecté de collaboration avec les jihadistes. Exemples, des témoins auraient aperçus des soldats jeter des corps dans un puits à Sévaré

Je m'efforcerai de maintenir cet article à jour, la situation évoluant heure par heure. Je suis disponible pour des questions par mail : selpierre.france@gmail.com ou sur Twitter : SelPierre