mercredi 13 février 2013

"I want my money back"

"I want my money back" clamait Margaret Thatcher, au début des années 80. Plus exactement de novembre 1979 à juin 1984. Margaret Thatcher, alors Premier Ministre du Royaume-Uni, provoqua l'une des pires crises qu'ait connu l'Union Européenne. Celle-ci partit d'un constat simple : le Royaume-Uni verse plus à l'Union que ce qu'il reçoit en subventions. Mme Thatcher voulut qu'on lui "rembourse la différence". À l'usure, elle eut raison des chefs d'État européens qui acceptèrent de rembourser le Royaume-Uni.

Rebelote

Aujourd'hui la donne a quelque peu changé : le Royaume-Uni ne demande plus qu'on le rembourse mais s'est allié avec l'Allemagne pour demander que l'Europe se serre la ceinture. Face à eux se dressent la France et l'Italie, qui souhaitent mieux répartir les investissements de l'UE afin qu'ils contribuent à créer des emplois. Jeudi 7 février, les négociations ont commencé. Souhaitant certainement plaire aux eurosceptiques de son parti -c'est à dire ceux qui pensent que l'aventure européenne n'est pas une bonne idée et qui souhaitent s'éloigner de l'UE-, le Premier Ministre britannique David Cameron a prévenu sur un ton thatchérien "le budget doit être revu à la baisse, et s'il ne l'est pas, il n'y aura pas d'accord".

L'austérité est une erreur

Alors que le FMI a lui-même reconnu que l'austérité budgétaire -c'est à dire économiser en procédant à des coupes barbares dans la plupart des programmes sociaux- est une erreur, les chefs d'État anglais, allemand et de certains pays nordiques (Danemark et Suède notamment) sont décidés à jeter l'Union Européenne dans la tourmente alors qu'il faudrait que celle-ci s'investisse plus dans la vie économique.
MM. Hollande et Monti ont raison, il faut que l'UE contribue au retour de la croissance, en investissant dans les secteurs d'avenir : énergies renouvelables, technologies de pointe, etc. Il ne faut pas non plus négliger les projets d'infrastructures payées par l'UE, qui génèrent un nombre important d'emplois
Le projet économique de M. Hollande prend son sens : assainir la situation financière de la France mais compter sur une relance économique de l'Union Européenne pour créer de l'emploi. Or, pour qu'il y ait une relance, il faut un budget conséquent. Aujourd'hui le budget de l'UE est dérisoire comparé à celui des États qui la composent.

Un compromis ?

Après une nuit de négociation, les chefs d'États européens auraient trouvé un accord, ou du moins un plan budgétaire d'ensemble. Le budget 2014 - 2020 serait de 908 milliards d'euros, soit cinq milliards de moins que ce qui était prévu. Cette somme rapportée annuellement, correspond à 129 milliards d'euros, alors qu'il était de 132 milliards en 2012.
Les coupes prévues concernent le domaine des transports, des télécommunications mais aussi les salaires et primes des fonctionnaires européens. On ne peut qu’être préoccupé par ces coupes sombres qui risquent de prolonger le marasme dans la zone euro. Cette erreur est d'autant plus importante qu'elle va concerner chacun des pays, y compris l'Allemagne qui met également en jeu ses performances économiques. En effet le marché européen stagne, et elle trouve de moins en moins de débouchés pour ses produits. Elle risque, à moyen voire court terme, un réel ralentissement de son économie. La solution de la relance européenne devrait donc faire l'unanimité par rapport à des politiques d'austérité suicidaires.

Une lueur d'espoir pour condamner ce budget que l'on pourrait qualifié de ridicule : le Parlement européen menace de ne pas voter le budget. Mais le texte ne sera pas examiné avant juillet.

7 commentaires:

  1. Virage à babord donc pour ce blog. Passons.
    Un Keynesien donc qui nous donne la solution miracle, celle à laquelle personne n'avait pensé: la relance. On pourra constater la -très- relative pertinence des plans de relance, Roosevelt y compris (ne vous en déplaise). Ca fait des années qu'on attend votre stimulus qui relancera l'économie, et il ne vient pas. Alors investissions encore plus !

    1- Avec quel argent monsieur ? Les hausses d'impôts ? Les mêmes qui vont faire de la France un pays hostile à l'entreprise ? Les baisses de dépenses de fonctionnement, de simples postes délégués aux collectivités ? Je ne crois pas.

    La dette ? Contraire à la politique suicidaire de notre gouvernement qui, mû par une forme d'autisme grave, s'entête à atteindre 3% de déficit sans réfléchir. Et puis bon, on en laisse pas assez aux prochains générations pour les laisser tranquilles ?

    2- La deuxième solution: le "y'a qu'à", et les "faut qu'on". La croisse ne se décrète pas. Elle peut être boosté artificiellement par le planisme/dirigisme/interventionnisme, mais bonjour les bulles. La bulle n'a pas vocation a perdurer, me trompe-je ?
    Les énergies durables ? Accepter de payer plus, dans la crainte presque mythique d'un climat qu'on ne sait pas évaluer à très court terme, en particulier quand on mesure au doigt mouillé ? Payer mon électricité plus cher alors les modèles climatiques sont moins alarmistes que prévus ? Des éoliennes qui ne peuvent fonctionner sans centrales à charbon ? En gros, plutôt l'environnement que l'Homme lui-même ?
    Les domaines de pointes ? Avec qui ? Les acteurs publiques, pas foutus de gérer des syndicats d'aménagements urbains ? Des acteurs privés, qui ne sont ni intéressés par la fiscalité, ni par les étudiants de l'élite, qui se barrent là où on les attends ( ils ont bien compris où étaient leurs places) ?


    C- L'austérité, si suicidaire que ça ?

    Vous ne voyez dans la crise que les limites d'un capitalisme financier "dérégulé". On parle de "néo-libéralisme" ou d'"ultra-libéralisme", sans pour autant être capables d'en donner une définition. C'est la crise de l'interventionnisme, du dirigisme, des plans de relance, du constructivisme, c'est l'aveuglement et l'inconscience d'élites éclairées qui font face à un équilibre séculaire: l'offre et la demande. Au lieu de créer des distorsions dans l'économie ( emplois artificiels, bulles) qui finissent toujours par nous faire mal, plutôt repenser le modèle d'une économie et d'une société européenne qui s'est perdue dans les sous-bassements de l'économie,dans les livres de Keynes et les prophéties de Krugman. Ceux qui nous disaient que le Japon reviendrait plus fort encore après le Tsunami.
    Faire de l'austérité pour réduire les dépenses sans réfléchir, c'est Papendreou et Rajoy, et Hollande dans une moindre mesure.


    Ce n'est pas un problème conjecturel, si l'on est dans une telle situation ce n'est pas à cause des méchants banquiers qui nous ont enchaînés, profitant de notre gentillesse. Ce que l'on voit c'est les résultats de problèmes structurels, c'est la limite du recours à la dette. Dette que l'on contracte délibérément, sans pression des banquiers. Ce sont nos aïeux qui ont enfilé joyeusement leurs chaines. Bah oui, Keynes ne pouvait pas se tromper, il avait déjà sauvé les USA dans les années 30.... Ah non ? On m'apprend dans l'oreillette qu'il y a eu une crise de moindre importance, une guerre mondiale vous dites, qui a relancé l'économie des USA ? Ce n'est donc pas Roosevelt le voleur d'or qui a sauvé le monde ?!

    On vit au dessus de nos moyens, il faut crever l’abcès maintenant avant qu'il n'explose de lui-même dans la douleur et l'infection. Cf: Schröder.


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    1. Comme on dit, la critique est toujours plus simple derrière un écran d'ordinateur avec ses chips qu'en public.

      Déjà, je ne peux que constater un engouement dans votre parole. Et les vilains dirigeants, et les sales européens liberticides, et les sales keynesiens... Un engouement certes, encore faudrait-il qu'il se fonde dans des idées et non dans un simple désir de protestation ! Je sais pas pour vous, mais je sens à plein nez un anti-hollandisme crasse, ça envoie !

      Quoi de mieux en effet que de critiquer le gouvernement en place, c'est si ... comment dire? réjouissant ! Vous devriez postuler au Point, vous auriez un bon boulot tiens.

      Enfin, j'en arrive au coeur de mon message : l'incapacité et la connerie de ce monde. Oui, c'est tentant, on a souvent tendance à rejeter la faute sur le peuple, et puis après ça tombe sur les immigrés, les roms, il faut toujours un bouc émissaire ! Sauf que ce sont ces paroles, pessimistes, avilissantes, qui fondent la connerie humaine. Et en participant à ceci, la seule chose que dont vous arrivez à remonter le niveau est votre estime personnelle.

      En ce qui concerne votre fameuse analyse écologique (vous avez des actions chez bp?) "moins alarmantes" c'est un bel euphémisme ! Mais vous admettez tout de même que la situation reste alarmante. En ce sens vous ne vous attaquez pas au coeur du sujet, qui n'est pas la volonté politique, mais la volonté personnelle de chacun et de l'industrie. Et je ne peux m'empêcher de noter votre stratégie de "rien n'est sûr attendons si on crève"


      Mais quelle sagesse ! Je me sens illuminé.



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    2. Réponse d'un chantre du "néolibéralisme".
      Un néolibéral prône un retour aux thèses de l'économie classique, vouant un culte à la concurrence libre, pure, et parfaite, détestant tout ce qui peut, de près ou de loin, ressembler à un État débordant de ses fonctions régaliennes.

      Ensuite :
      "- avec quel argent ?" oh, l'argent, il y en a ! Le patrimoine total des Français correspond, en valeur, à 5 fois la dette française ( http://www.lefigaro.fr/patrimoine/2009/03/17/05001-20090317ARTFIG00252-la-valeur-de-la-france-est-estimee-a-12513milliards-d-euros-.php ).
      Évidemment, qui aura le courage politique de "piller" le bon Français en lui demandant une contribution à hauteur de son revenu ? Faut-il rappeler que les classes les plus populaires sont les plus touchées par l'imposition (TVA et autres impôts indirects compris) que nos chers riches ? Il est tellement dur d'être riche en tant de crise, je comprends que même la Russie devienne attrayante.
      De l'argent il y en a, encore faut-il avoir le courage politique de le prendre.

      "Préférer l'environnement à l'Homme", oh, c'est mignon, dites moi, vous trouvez ça agréable une vie entassés en cages à manger du Soleil Vert ? Merci, mais je pense que le développement durable, en plus d'être une nécessité, est un atout.
      Nous devons investir dans ces technologies, tout en maintenant le nucléaire. Sur ce point je vais donc vous rejoindre. Moi non plus je ne payerai pas mon électricité plus cher. Moi non plus je ne sacrifierai pas notre filière d'excellence qu'est le nucléaire. Mais il faut savoir saisir les opportunités, et investir dans l'avenir avant que ce soit les Chinois ou les Allemands qui le fassent.
      "Le secteur public français incompétent" a le mérite d'être tout de même efficace. Au dernière nouvelle, il reste plus efficace que son homologue japonais, qui lui a quelques difficultés bureaucratiques.
      Et si l'on acceptait de décentraliser une fois pour tout, mettant fin à ce mille feuilles incompréhensible, peut être que les acteurs publics arrêteraient de se marcher les uns sur les autres. D'autant qu'il s'agit de ces collectivités territoriales qui réalisent les 2/3 de l'investissement public !

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    3. "Ce n'est pas un problème conjecturel, si l'on est dans une telle situation ce n'est pas à cause des méchants banquiers qui nous ont enchaînés, profitant de notre gentillesse". C'est gentil de les gracier, mais je crois qu'ils n'ont pas besoin de vous. Et puis bon, c'est vrai que des banques géantes à la Goldman Sachs sont utiles à l'économie. Je prône un retour aux banques séparées crédit/investissement. Le "too big to fail" a montré ses limites.
      Et puis une "crise du dirigisme" vous dites ? Quel dirigisme ? Je vois actuellement un seul dirigisme : de la part des entreprises, un chantage du patronat qui brandit l'épouvantail des plans sociaux pour imposer ses réformes. Bien sur, je ne généralise pas, et surtout, ne remet en aucun cas en cause le problème de la compétitivité. Mais quand un grand groupe maintient voire augmente ses investissements à l'étranger et annonce se séparer de 7500 salariés, j'ai quand même un rictus. Et puis bon, après tout, les actionnaires ont besoin de 10% de rendements sur leurs investissements, tant pis pour le salariat.

      Au notre ami Keynes n'a pas sauvé les Etats-Unis, pas plus que Roosevelt, mais le second à réussi à passer des chaines qui ont sauvegardé le monde pendant près de 50 ans. Citez moi une seule crise comparable à la nôtre jusqu'au années 1970, et la stagflation.
      Ce président a redonné un espoir a des millions de chômeurs, il a su tenir tête aux lobbys et a su instauré les bases d'un système de santé.
      Bref, son héritage est incontestable, même s'il n'a toujours pas été avalé par les libéraux.
      Enfin le point Godwin sur la 2GM est un peu ridicule, attribuer le pire conflit de l'Histoire à la politique économique américaine, je pense que c'est quelque peu gros.

      Dans tous les cas, un tel commentaire est toujours plaisant. C'est très appréciable d'avoir un écho. Merci. Et puis, n'hésitez pas à m'envoyer des mails : selpierre.france@gmail.com

      (Mon commentaire ne voulait être publié en un message, désolé.)

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  2. Et puis cette Europe du Sud fainéante et fétarde qui vient râler parce qu'on ne dépense pas assez est risible: à croire qu'elle ne comprend pas que le budget vient de ce qu'elle paie elle-même, elle agit comme un ivrogne à qui l'on refuserait un tonneau de boisson. Plutôt être bourré en permanence qu'avoir la gueule de bois!


    Enfin, présenter le Parlement Européenn comme les derniers gardien du temple, "une lueur d'espoir". Ils vont surement pas voter pour diminuer leurs budgets, ces espèces de profiteurs qui représentent rien ni personne, si ce n'est leurs égos. Là-bas, on interdit veut interdire l'extrême-droite. Là bas, on touche 10 SMIC par mois. Là bas, on vote des lois liberticides et l'on vient pointer pour toucher sa paye avant de quitter un hémicycle vide.
    Un autre échellon de la classe politique, caste dont les membres sont désignés par le peuple à la bêtise crasse et dénué de toute notion politique ou économique, alors qu'ils votent pour une étiquette, une publicité, une image, une idole. La démocratie moderne, la mafia en col blanc.

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  3. J'avais cru comprendre que dans une agora, on tenait des débats. Et pas simplement commenter un exercice d'écriture de lycéen qui, béni de bonnes intentions, vient nous apporter la vérité sans que l'on puisse donner son avis.
    Je n'ai définitivement rien à faire sur un blog où l'on filtre les commentaires de la sorte. Plutôt aller en amphi et prendre des cours d'économie, de la vraie. J'y trouverais là aussi le ton professoral qui vous tient tant mais aussi peut être, cette fois-ci, des connaissances et un peu d'esprit-critique.

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    1. Je pense que ce commentaire est venu un peu tôt.
      Dans la mesure ou, comme vous le dites, je suis lycéen, en pleine session de révision pour un concours approchant, "cet exercice d'écriture" ne peut être géré au jour le jour.
      Je filtre uniquement les commentaires insultants.

      J'espère tout de même vous revoir.

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